Visites, souvenirs, école, LOSC… Quelle empreinte Jacques Delors laisse-t-il à Lille ?
Père de la maire de Lille, Martine Aubry, l’ex-président de la Commission européenne, décédé à son domicile parisien ce mercredi, a une petite partie de son histoire qui restera accrochée à la capitale des Flandres.
Mai 2013, Jacques Delors anime une conférence sur l’Europe à la cathédrale Notre-Dame de la Treille. - VDNPQR
Par Emmanuel Crapet
Publié:28 Décembre 2023 à 13h30
La conférence sur l’Europe à la Treille
En mai 2013, le monde économique, politique et religieux est debout, sous les épaisses charpentes de la cathédrale Notre-Dame de la Treille, pour saluer ce que La Voix du Nord qualifie à l’époque « de plaidoirie de haut tenue en défense de l’idée européenne ». La conférence, tenue par Jacques Delors, a été imaginée par Mgr Laurent Ulrich, dans le cadre des festivités du centenaire du diocèse de Lille. L’archevêque confie vouer « une estime particulière » à celui qui a été président de la Commission européenne. Pendant une heure, il a été question d’histoire, d’économie et d’institutions, mais surtout de valeurs, de moteur spirituel, de responsabilité morale, de pardon et de promesse…
La presse avait repris certains passages : « En soixante ans, l’actif l’emporte sur le passif. » Quant à l’avenir, il passait selon lui par une mutualisation des risques, l’émergence d’une vraie politique étrangère commune, et un « esprit de coopération » sans faille. En résumé : « Avancer ensemble. » C’est Gérard Mullliez, fondateur du groupe Auchan, qui s’est levé le premier pour que l’assistance réserve au thuriféraire de l’Europe la standing ovation qu’il méritait.
Jacques Delors et le LOSC
Jacques Delors était un grand supporter de Lille et de Jean Baratte (à qui le président Auriol remet la Coupe de France en mai 53). - AFP
Au hasard des souvenirs et des anecdotes que Patrick Robert, le président de l’association du LOSC, a couchés sur le papier autour de Jean Baratte, on se rappelle que Jacques Delors était le premier supporter de ce grand footballeur, notamment vainqueur en finale de Coupe de France le 30 mai 1953 avec le club lillois. Jacques Delors était un grand supporter de l’Olympique lillois puis du LOSC ; il assistait d’ailleurs régulièrement à des matchs en tribunes à Grimonprez-Jooris.
Une école européenne à son nom
L’école européenne Jacques-Delors a ouvert ses portes à la rentrée 2023. - Photo HELENE DECAESTECKER
De son vivant, Jacques Delors, sans qui l’Europe ne serait pas ce qu’elle est, a donné son nom à l’école européenne qui a ouvert ses portes à la rentrée 2023 sur le territoire de Marcq-en-Barœul. La MEL (Métropole européenne de Lille) se félicite de devenir la troisième grande métropole française à se doter d’un tel équipement. Le chantier a duré deux ans. 840 élèves (dès 3 ans jusqu’au baccalauréat européen) sont accueillis. Une quarantaine de nationalités sont représentées.
Les réactions à la mort de Jacques Delors
Par La Voix du Nord Publié:28 Décembre 2023 à 12h36 Lille en commun (la majorité autour de Martine Aubry) : « C’est un monument de la gauche et un des pères de l’Europe qui nous quitte. Jacques Delors a tracé le chemin d’une Europe qui unit, rassemble dans nos différences. Son héritage est immense et nous inspirera encore longtemps. »
Roger Vicot (député NUPES et membre de la majorité municipale) : « La disparition de Jacques Delors est une perte immense. À lui seul il a marqué toute l’histoire du XXe siècle. Il a été une voix et un destin, un engagement et une vision, un exemple… »
Violette Spillebout (députée Renaissance, conseillère municipale d’opposition) : « J’ai appris la disparition de Jacques Delors avec une grande tristesse, j’ai eu l’honneur de le connaître et d’apprécier ce grand homme d’État. La France et l’Europe perdent un de leurs fidèles serviteurs. »
Stéphane Baly (chef de l’opposition Lille Verte) : « Avec le décès de Jacques Delors, l’Europe perd un de ses plus grands bâtisseurs, la France un homme d’État et la gauche une de ses figures. »
Olivier Caremelle (maire PS de Lomme) : « Je salue l’homme d’État pour la France et évidemment l’Europe. C’était aussi un homme de gauche aux valeurs affirmées, rigueur, honnêteté, humilité… »
Le LOSC : « Le LOSC salue la mémoire de l’un de ses plus anciens et fidèles supporters : Jacques Delors, homme d’État émérite, s’est éteint ce mercredi. »
Quand on voit l'état de l'Europe, on ne le remercie pas. Destruction de ecntaines de milliers d'emplois pour satisfaire le "grand" capital, enchainement total des Hommes avec l'€uro, réduction des libertés et de ce qui reste de démocratie quasi quotidienne à grand coup de 49.3, bref une catastrophe totale. Le même Jacques Delors qui ministre des finances a supprimé l indexation des salaires sur l inflation… il a appauvri des millions de travailleurs. Avec la construction européenne, j'imagine que Delors voulait faire un truc bien... Il aurait mieux fait de se casser une jambe quand on voit les résultats aujourd'hui : l'Europe devait nous apporter la Paix et la prospérité, elle nous a apporté la Guerre et la ruine économique. Je n'oublierai jamais son intervention télévisée la veille au soir du vote pour Maastricht. Il a affirmé droit dans les yeux et sans honte le moins du monde qu'un succès du oui entrainerai aussitôt une baisse des taux d'intérêts d'un à deux points minimum. Le lendemain, les agriculteurs, plutôt réticents ayant fait le compte des économie espérées, font basculer le vote vers un très faible oui...
ENTRETIEN - Le sondeur et politologue Stéphane Rozès retrace le parcours de l’ancien président de la Commission européenne, décédé ce mercredi à 98 ans. Homme de conviction, d’une grande cohérence, Jacques Delors a été un acteur de la construction européenne et de sa dérive néolibérale, analyse-t-il.
[size=18]Stéphane Rozès est président de Cap et enseignant à Sciences Po Paris, ancien directeur général de l’Institut CSA et enseignant à HEC. Il est l’auteur de Chaos, essai sur les imaginaire (Cerf, 2022).